Cher journal,

on se croirait dans un asile de fous. Récemment, j'ai raconté que mon service de soins était encore une fois trop stupide pour compter jusqu'à 24. En d'autres termes, celui qui a ouvert le dernier carton de ma nourriture à boire ne m'a rien dit.

On pourrait s'attendre à ce qu'on me prévienne lorsque le nombre de flacons diminue et qu'il n'y a plus rien à ajouter. J'ai toujours une réserve de deux à trois boîtes de 24 portions. Sinon, je ne pourrais pas atteindre les 1 600 à 2 000 kcal par jour et je serais à court de nourriture, ce qui serait vraiment la chose la plus stupide que tu puisses faire à ton patient SLA en tant que soignant. Ok, nous avons déjà eu ça cette année. En théorie, il restait au moins quelque chose dans le placard. C'était du poisson, périmé depuis des mois, et cela m'a valu une intoxication alimentaire, mais c'est un autre sujet...

Mais non, loin de là, malgré la menace imminente d'une pénurie d'approvisionnement et les difficultés de livraison connues, personne ne me prévient. Il ne faut pas se fier aux autres.

Ce n'est que lorsqu'il ne reste plus que 18 heures de nourriture que j'ai été informé pour la première fois. En passant. Et puis, le jour X, on m'a dit qu'il n'y avait plus de nourriture. Fini la souris. C'est comme ça. Est-ce que la pharmacie livre aujourd'hui ? Comment ça ? Pourquoi le ferait-elle ? Pour cela, il aurait fallu commander au cours de la deuxième étape. Ce qui suppose, dans la première étape, que quelqu'un me prévienne. Ce qui - encore une fois - n'a pas fonctionné. Une bande d'incompétents.

Et la pharmacie, oui, c'est une chose. Ça craint quand on commande notoirement deux semaines en retard. Les moindres changements dans le processus de commande peuvent alors te poignarder sournoisement dans le dos. Aujourd'hui, la pharmacie m'informe que ma caisse d'assurance maladie a malheureusement annulé l'accord de facturation. Je dois donc commander à nouveau ailleurs.

Bonjour, Monsieur Ruppelt,

J'ai reçu l'information que depuis le 31 mars, nous ne pouvons malheureusement pas facturer les aliments buvables via l'AOK. La caisse d'assurance maladie a changé ses contrats et nous n'avons plus le droit de soumettre les ordonnances.

La livraison de la nourriture commandée à l'avance est déjà arrivée. Mais nous ne pouvons encore le facturer qu'en privé (éventuellement partiellement).

Désolé pour le dérangement.

Meilleures salutations,

E-mail de ma pharmacie

Qu'est-ce que je peux faire de plus ?

Bien sûr, je livre quand même et - une fois de plus - je paie moi-même les prestations de la caisse, parce que mon service de soins est trop stupide pour me dire qu'il faut commander quelque chose. Au moins, la pharmacie fait un geste pour moi. Elle me livre une boîte et m'en renvoie deux.

Bonjour, Monsieur Ruppelt,

Nous pouvons volontiers livrer un carton aujourd'hui. Il coûte 145,74€.

Merci de nous faire savoir si tu veux que nous retournions les 2 autres cartons.

Meilleures salutations,

E-mail de ma pharmacie

A ce stade, j'ai perdu l'envie de faire des efforts supplémentaires pour régler ce genre de choses avec mon service de soins. Ici, c'est perdu d'avance. Encore 150,¨- € pour le cul, parce que ... je ne peux pas le formuler gentiment. Restons-en là.

Comme la recherche d'un nouveau fournisseur, en accord avec l'AOK, s'éternise un peu pendant les week-ends et les jours fériés, il faut aussi un deuxième carton. Un seul suffit pour cinq jours. Tout ne va pas si vite. Qu'est-ce que nous en disons ? Merci aussi, l'équipe. Tu devrais le déduire de ton salaire, honnêtement. Le mien ne me fait pas de cadeau. Alors pourquoi les choses les plus simples ne fonctionnent-elles pas ici ?